Il y a des symptômes nerveux communs presque à toutes les formes.
Le mal de tête du début et les autres névralgies si fréquentes sont des
phénomènes nerveux.
Avant de connaître le microbe de l'influenza, Grave disait, en
1847 : « Ce miasme qui cause la grippe agit sur le système nerveux. Mais il y a
des cas où les phénomènes nerveux présentent tout le tableau de la maladie. Une
grande dépression et des malaises généraux au contraire, ce qui est le cas le
plus commun, une excitation très prononcée se manifestent le soir et surtout la
nuit, le malade se plaint constamment de ne pouvoir trouver une position
convenable, il s'agite, se retourne continuellement sur son lit, un état
d'angoisses l'étreint, une soif vive le dévore, et il se lève en proie à un
délire violent. Un de nos malades, lorsqu'il est atteint de cette grippe, après
avoir passé la moitié de de la nuit dans l'agitation au lit, finit par se
lever, monter sur la table, crier et pleurer. Chez les vieillards, dont le
cerveau est faible, cette forme nerveuse est terrible.
après l'observation d'une femme de 80 ans qui, pendant quinze
heures, criait et hurlait sans pouvoir prononcer un seul mot, les yeux hagards,
les membres tremblants. Si l'on n'avait pas été en pleine épidémie grippale, on
aurait certainement pensé à autre chose, mais pas à l'influenza.
Les névralgies, dans cette forme de la grippe, sont plus fortes
que dans les autres formes. Des douleurs peuvent siéger dans tous les points du
corps : principalement elles sont localisées dans les reins, puis elles
changent de place, atteignent les jambes, les bras et le cou. Elles durent
quelquefois trois ou quatre jours, une courbature très accentuée, puis une
lassitude, une fatigue invincible s'empare du malade, le manque d'énergie et
l'impossibilité de réagir sont tout à fait hors de proportion avec le caractère
bénin de la grippe.
Ces symptômes n'apparaissent pas seulement au début ou dans le
cours de l'affection, mais persistent même alors que tous les phénomènes aigus
ou fébriles sont. éteints. Grâce à eux, la convalescence est plus longue que la
maladie elle-même. Au moment où le malade se croit guéri, il veut reprendre ses
occupations, et il constate avec étonnement combien il a été amoindri par
quelques jours passés au lit. On a noté dans cette forme des troubles
cérébraux, de la fausse-méningite, des phénomènes bulbaires avec syncope,
vertige et dyspnée. Disons tout de suite qu'en cas de syncope, il faut coucher
le malade, s'il ne l'était pas avant, et exercer des tractions rythmées sur la
langue en l'activant avec la main.
La fièvre est courte au début de la grippe. Sa marche n'est
soumise à aucune règle déterminée. Elle oscille dé 38° à 39° 1/2, atteint
rarement 40° et dure de 2 à 6-8 jours, dans les cas exceptionnels 15 jours,
mais sa disparition n'indique pas toujours la guérison. On voit souvent la
fièvre réapparaître au bout de quelques jours au courant de la grippe et même
quelquefois prendre la forme de la fièvre intermittente.
La durée de la maladie est
souvent longue. La grippe est une maladie à répétition; et il arrive souvent
d'observer des cas où le malade, à peine entré en convalescence, recommence de
nouveau sa maladie. Ces cas sont toujours sérieux, même si l'intensité des
symptômes n'est pas prononcée. Il faut surveiller les malades au moment de leur
convalescence.