La grippe étant une maladie d'empoisonnement, frappe
l'organisme entier ; le poison déversé dans notre corps intoxique le sang, et
au commencement ce sont les manifestations générales qui apparaissent.
Chaque fois qu'une maladie nous attaque, notre organisme
lutte face a elle, chaque cellule de notre corps prend part dans cette lutte,
chaque organe doit être prêt à la guerre. Naturellement, plus nos organes sont
forts et sains, plus nous avons de chance de vaincre l'ennemi. Si nous avons un
foie solide, des poumons sains, un bon estomac, tout est à espérer qu'ils
sauront se défendre. Il n'en est pas ainsi lorsqu'un de nos organes est déjà
malade ou faible. Cet organe est un lieu de moindre résistance, et gare à lui.
La grippe, comme les autres maladies, dirige son attaque du
côté de l'organe faible. Avons-nous des poumons peu solides, elle peut nous
gratifier d'une pneumonie grippale. Si nos bronches sont délicates, nous
pouvons avoir une bronchite grippale. Si nous sommes faibles de l'estomac, nous
sommes candidats à une complication du côté de l'estomac. Lorsque l'influenza a
touché un de nos organes, on dit qu'elle s'est localisée, et cette localisation
peut survenir très vite au bout de quelques jours, mais cela n'arrive jamais
d'emblée. Il faut donc permettre à notre organisme de se défendre de très bonne
heure, de bien lutter contre le mal. Ne perdons pas de temps. Une grippe
compliquée change singulièrement le pronostic. On voit encore malheureusement
trop souvent une grippe peu prononcée, à forme bénigne, amener la mort par ses
localisations. Quelquefois nous avons en nous un vieil ennemi, un autre germe,
un microbe s'attaquant à nos poumons depuis des années, sans les atteindre.
Sous l'influence de l'affaiblissement que produit la grippe, le vieil ennemi
prend le dessus, il arrive à son but, depuis longtemps recherché. C'est comme
cela que s'explique l'apparition de la tuberculose et d'autres maladies après
la grippe.
Donc, l'influenza peut nous menacer directement en se jetant
sur nos organes faibles, sur le lieu de moindre résistance, et indirectement en
permettant l'explosion des maladies, auxquelles nous sommes plus ou moins
prédisposés. Parmi les complications et les conséquences de la grippe, la
première place occupe la phtisie pulmonaire. La grippe, c'est le courtier de la
tuberculose, il amène et installe définitivement la tuberculose chez ceux qui y
sont sujets.
Les autres organes peuvent devenir également le siège d'une maladie
organique. L'anémie, l'épuisement nerveux sont souvent consécutifs à la grippe