La Grippe est une maladie
épidémique, occasionnée par un microbe qui a été découvert par le professeur Robert-Pfeiffer,
de Berlin, en 1892. Il vit dans les sécrétions nasales et dans les crachats.
Dans le champ du microscope, on l'observe en agglomérations de trente à
quarante bâtonnets.
Il pénètre dans notre
organisme par le nez ou par la bouche; il ne peut se développer sans oxygène;
donc, dans notre corps, il ne peut vivre que dans les voies aériennes, depuis la
muqueuse du nez jusqu'aux alvéoles pulmonaires. C'est un microbe aérophile
(cela veut dire qu'il vit dans l'air). Par conséquent, sorti de notre organisme,
soit par les crachats et la salive, soit d'une autre manière, il ne meurt pas,
il dort seulement, et dès qu'il a occasion d'entrer dans un système
respiratoire d'un individu, il reprend sa virulence et peut le rendre malade.
Ce microbe se
trouve bien dans l'air, mais, heureusement pour nous, le soleil le tué dans l'espace
de vingt-quatre heures, l'eau et la dessiccation lui sont funestes. Dans la salive, il résiste dès semaines entières.
D'après lé docteur Gaze, le germe de la grippe ressemble
à un œuf d'oiseau, dans ce sens qu'il est couvert d'une enveloppe rappelant la
coquille calcaire, et à l'intérieur on distingue un protoplasma blanchâtre, visqueux,
filant, et au milieu une masse épaisse, condensée en une sorte de noyau. Ces
deux derniers correspondent au blanc et au jaune d'un œuf. Une fois entré dans notre corps, ce microbe déverse un
poison liquide qu'on appelle « toxine ». C'est cette substance, c'est le
produit de la sécrétion du microbe qui nous rend malade, et pas le microbe
lui-même.
L'influenza est donc une maladie d'empoisonnement, occasionnée
par là toxine du microbe Robert-Pfeiffer. La multiplication du microbe grippal
se fait par allongement et division par le milieu de la spore allongée en vingt
minutes. En deux jours on pourra compter, disent les savants, près de trois cents
milliards d'individus, issus d'un même père dans le corps d'un malade infecté.
Pendant longtemps on a discuté la question de la contagiosité
de la grippe. Contre la contagion, on invoquait jusqu'ici la rapidité de la
diffusion de la maladie. Des pays entiers en sont contaminés dans l'espace d'un
ou deux jours, et évidemment les habitants ne peuvent se communiquer, dans un
laps de temps aussi restreint, une maladie. A l'heure qu'il est, tout le monde
est d'accord que l'influenza est une maladie contagieuse ; cela est indiscutable,
on peut l'attraper d'une personne, on la donne, on la communique aux gens avec
qui nous vivons et avec qui nous nous rencontrons ; mais le microbe de la
grippe, aimant à se promener dans l'air, voyage par terre et' par mer avec une
incroyable rapidité et peut attaquer directement une personne. Le germe de la
maladie étant dans l'air, il ne lui sera pas difficile d'entrer dans nos voies aériennes
sans l'intermédiaire d'une autre personne.
On peut aussi avoir l'influenza sans l'avoir attrapée
de quelqu'un.